L’encagement des reines, une nouvelle technique prometteuse pour lutter contre Varroa
Lutte contre varroa par une méthode populationnelle Encagement de la reine dans une cage d’isolement Scalvini® En début d’année, nous avions quelques informations sur les techniques de blocage de ponte par encagement des reines, en particulier l’utilisation de la cage d’isolement Scalvini®. Ces informations nous venaient d’adhérents du Groupement des Producteurs de Gelée Royale Française, qui ont testé cette méthode à grande échelle depuis plusieurs années. Puis nous sommes allés au 5ème congrès européen d’apiculture, à Piacenza, en Italie, début mars 2017 et là nous avons été convaincus par la belle conférence présentée sur ce sujet par Yves Goïc, du G.P.G.R. Le principe de base de cette méthode est l’encagement de la reine pendant 24 jours dans une cage d’isolement qui laisse l’accès aux ouvrières. La reine continue sa ponte dans la cage pendant les 24 jours sans interruption, mais le couvain avorte, la cage n’ étant pas assez haute pour que les abeilles étirent les cellules. Au bout de 24 jours, la reine est libérée, et un traitement à l’acide oxalique par dégouttement est appliqué à la colonie. Comme il n’y a plus de couvain, tous les varroas sont sur les abeilles (varroas phorétiques) et l’efficacité du traitement est maximum. 4 jours après on fait un second traitement à l’A.O. qui a pour but de tuer les varroas qui ont échappé au premier traitement, avant qu’ils se réfugient sous les larves dans la bouillie larvaire. (La reine a recommencé sa ponte dés sa libération et les premières larves sont déjà nées). L’ avantage de cette méthode est de maintenir la ponte de la reine sans interruption, elle ne maigrit donc pas et ne risque pas de s’envoler à sa libération (reines non clippées) comme ça peut arriver avec d’autres cages où elle n’a pas la possibilité de pondre. Cette méthode doit s’appliquer en l’absence de rentrées de nectar, sinon les abeilles vont remplir le corps de la ruche et la ponte de la reine sera bloquée à sa libération. Dans nos secteurs du Haut Bugey, il faut encager les reines dés la fin des miellées de début d’été, autour du 15/20 juillet, pour pouvoir libérer les reines avant fin août et les miellées d’automne, (verge d’or, renoué, puis lierre). Dés la libération de la reine la ponte est importante et les populations qui vont naitre sont des abeilles qui vont permettre un hivernage satisfaisant à la colonie. Il existe 2 modèles de cages Scalvini®, le premier modèle au dessus est trop haut, et permet aux abeilles d’ operculer le couvain, donc aux varroas de continuer à se reproduire à l’abri de l’opercule, et la cage entièrement pondue bloque la ponte de la reine. Le modèle plus récent, en dessous, est moins épais, le couvain ne peut pas être operculé, les abeilles le détruisent et la reine continue sa ponte. Cette cage mesure 17mm d’épaisseur, couvercle fermée, vérifiez cette dimension avant de l’acheter, il reste peut être d’anciens modèles en circulation. Quelques apiculteurs du Haut Bugey ont testé cette méthode dans leurs ruchers en cette fin d’été, nous l’avons aussi essayée au rucher école de Béard Géovreissiat. Les résultats sont prometteurs, voilà quelques photos. Des varroas étant présents dans le couvain de certaines cages, les cages doivent être enlevés de la ruche avant le traitement à l’acide oxalique, sinon ils vont survivre et leur descendance va réinfester la colonie. Le problème est que les abeilles ont si bien collé les cages qu’on se retrouve souvent avec un trou dans la cire. Il faudrait peut être essayer de fixer la cage dans un cadre vide, cadre qu’on enlève avec la cage après la libération de la reine. Dans les vidéos en fin d’article, on voit les cages fixées dans une plaque de polystyrène dur. Ici, la reine encagée est marquée verte, donc née en 2014, c’est donc sa 4ème année de ponte. Les abeilles la sentant en fin de vie ont élevé une reine de remplacement, qui a n’a pas tué la vieille reine après avoir été fécondée. Les 2 reines pondaient ensemble dans la ruche. Cette colonie étant particulièrement douce et productive, je ne m’étais pas résigné à remplacer cette reine plus tôt. Nous avons rencontré ce problème dans 3 ruchers, dont 1 ruche au rucher de Béard. La solution serait peut être de recontrôler 10 jours après l’encagement de la reine marquée qu’il n’y ait pas de couvain ouvert dans la ruche, signe d’une reine en ponte, et si c’est le cas de chercher et d’encager cette reine. Cette photo est édifiante: c’est la ruche où j’ai eu les plus fortes chutes de varroas, environ 4200, (j’ai passé 1h30 à les compter). Je traitais avant mes ruches avec des lanières Apivar, je n’ai jamais vu de chutes pareilles, cette colonie était condamnée cet hiver avec un pareil taux d’infestation. La reine a été libérée 4 jours plus tôt et a commencé immédiatement sa ponte, les premières larves sont donc déjà nées et ce second traitement va éliminer les varroas résiduels avant qu’ils se réfugient dans les alvéoles sous les larves. Les chutes de varroas sont encore significatives, plus de 300, ce qui n’est pas étonnant vu l’infestation du départ. On voit beaucoup de débris de cire, signe que les abeilles nettoient les cellules pour préparer la ponte de la reine. Depuis, cette ruche semble en parfaite santé, chez moi, dans le sud du Jura, le lierre a commencé à fleurir, très grosse activité au trou de vol, rentrées de pollen et de nectar (12 septembre). J’ai recontrôlé le tiroir graissé, quelques varroas sur le plateau, difficiles à trouver au milieu des nombreux débris dus à la forte activité de la colonie. Cette méthode que nous venons de tester semble prometteuse, elle va nous permettre à l’avenir de nous passer des médicaments anti varroas que nous proposent les labos, varroa présente maintenant une tolérance à ces produits qui deviennent inefficaces. J’ai traité quelques ruches témoins de mon rucher